Sincèrement, pour moi ce confinement m’amène beaucoup de bon. Je trouvais dans les derniers mois justement que tout allait trop vite.
Qu’on avait à peine le temps de se parler Jean-Philippe et moi, qu’on était à la course avec les activités et la garderie (quoique j’étais en congé de maternité) et qu’on n’avait pas de temps pour ce qui était réellement important.
Mais je n’avais pas vraiment pris conscience de ce qui est réellement important.
Remontons ensemble à mon enfance. J’ai toujours eu la fibre maternelle. J’adorais prendre soin de autres et de ma soeur, et j’ai toujours voulu avoir une famille et des enfants. Bon, ça c’est bien établi!
Avec l’âge adulte et la découverte de ma fibre entrepreneure, les projets et mon entreprise ont commencé à prendre toute la place. Je voulais toujours une famille, mais je voulais d’abord bien ancrer mon entreprise pour qu’elle soit solide à mon retour de congé de maternité.
J’ai donc attendu quelques années de plus que ce que mon coeur me disait pour notre premier enfant parce que j’aimais ma liberté, mais aussi ma carrière.
Quand Mégane est arrivée dans ma vie, ça été un grand choc. Devenir mère a carrément débalançé ma liberté, ma créativité et mon énergie. Tout ce que j’avais envie de faire, c’était de retourner à mes projets, d’enfin revivre comme femme, de retrouver ma liberté au quotidien. J’aimais Mégane bien sûr, mais son entrée à la garderie vers 13 mois, à temps partiel, a été un réel soulagement.
D’un autre côté, je caressais le rêve de la garder à la maison avec moi, mais impossible avec tous mes projets et mes idées. J’étais tourmentée.
Il faut savoir qu’avant l’arrivée de Mégane, j’étais en épuisement qui s’est poursuivi pendant au moins 3 ans et demi. Et côté professionnel, je me cherchais. J’avais mis de côté la nutrition et j’explorais plein d’autres avenues, mais sans grand succès. J’étais perdue, comme femme, comme mère. Je voulais à tout prix rebâtir une entreprise pour me sentir utile et importante.
J’ai d’ailleurs toujours trouvé étonnant qu’avec ma grande fibre maternelle, être maman ne m’amusait pas tant que ça. Je l’avoue parfois avec honte, mais je trouvais extrêmement difficile de m’occuper de quelqu’un d’autre et d’avoir perdu cette liberté. Liberté que je n’aurais jamais cru être si importante dans mes valeurs!
Bref, deuxième bébé arrive et pendant mon congé de maternité, je suis dans les projets à fond. Je m’occupe de Sam bien sûr, mais mon cerveau est toujours en train de voir comment je peux rebâtir une entreprise que j’aime tout en gardant ma liberté. J’ai quand même de la difficulté à jongler avec mon rôle de mère et mon envie si profond de faire une différence dans le monde.
En fait, même en étant présente avec les enfants, j’ai besoin d’une stimulation supplémentaire. Lire un livre, lire un article, penser à des recettes, à des idées d’articles ou écouter un podcast. Mon cerveau ne pouvait pas seulement être présent avec mes enfants, il était toujours en fuite ou avait besoin de stimulation intense. J’ai toujours dit à la blague que mon cerveau était sur les stéroïdes.
Fastforward au confinement. Le confinement est arrivé au moment où je lançais mon programme en ligne et mon nouveau livre de recettes. Résultat, les deux sont en pause pour une durée indéterminée. Au départ, j’ai trouvé ça hyper difficile. Comme un petit oiseau en plein dans son envol et qui frappe une vitre, je me suis senti vidée, sans plus aucune créativité, plus aucun temps pour moi, et peu de liberté avec en plus les enfants en permanence à la maison. Misère!
Au départ, j’ai essayé de faire jongler les deux mais sans succès. Et puis j’ai lâché prise. De toute évidence, je devais arrêter pour ma santé mentale et celle de la famille. Je me suis dit que mes enfants étaient plus importants qu’une entreprise qui n’existe presque pas et que j’aurais le temps de m’y remettre.
C’est ainsi que je me suis mise à jouer plus avec les enfants. À faire de la peinture avec Mégane, faire dormir Samuel dans le porte-bébé, aller faire de grandes marches, se balancer, raconter des histoires sans penser à rien d’autre. J’ai mis de côté mes livres, mes articles, mes projets et presque tous les podcasts (sauf ceux qui me font du bien au coeur).
Et il est arrivé quelque chose de magnifique. Quelque chose que je ne pensais pas possible.
Mon mental s’est apaisé. Mon mental qui est toujours en ébullition pour les projets, pour savoir quelle sera la prochaine étape, pour planifier ceci et cela. Mon mental s’est tu. Plus rien n’était important, sauf le moment présent avec mes enfants.
J’ai senti ma fibre maternelle (où elle était tout ce temps-là? sûrement enfouie sous mon mental), s’activer. Trouver le plaisir de prendre soin, d’être ici maintenant, de regarder dans les yeux et de rire. J’ai senti la tension sur mes épaules diminuer (malgré tout ce qu’on vit présentement). Juste écouter de la musique douce avec les enfants me donnait envie de pleurer de joie.
J’ai commencé aussi rapidement à voir mes enfants changer. À avoir besoin de moins d’attention constante de ma part. De pouvoir jouer seul davantage, de pouvoir créer des jeux et d’utiliser leur imagination (surtout pour Mégane, Samuel est trop petit).
J’ai vu la complicité entre mes enfants grandir. Le regard de Samuel chercher Mégane quand elle n’était pas dans la même pièce et le voir s’illuminer et sourire quand elle arrivait.
J’ai vu Mégane développer sa personnalité aidante, autonome, généreuse encore plus en quelques jours. J’ai vraiment vu la personnalité de mes enfants émerger totalement dans ce moment en suspend.
J’ai commencé à ne plus avoir envie que la garderie recommence. D’avoir envie d’être mère à temps plein. De me surprendre à me valoriser d’être seulement une maman, sans plus. Moi qui ai toujours dit que je ne serais jamais maman à la maison!
J’ai commencé aussi à sentir que je voulais travailler différemment, peut-être même au travers de cette vie de famille qui est si riche.
Comme je disais dans mon article précédent, J’ai un rêve, on dirait que tout ça sommeillait en moi et que le fait de devoir m’arrêter complètement a permis de réveiller le tout.
Sincèrement, je ne sais pas encore de quoi demain sera fait, mais j’apprécie tellement ce côté de moi qui émerge. Cette partie maternelle, attentionnée et présente qui aurait dû être là bien avant. Peut-être que si j’avais eu un travail “conventionnel” ça aurait été le cas? Qui sait?
Tout ce que je sais, c’est que le confinement est un grand cadeau pour moi. C’est le fun de vivre avec mes enfants, d’apprendre à devenir mère et de les voir apprendre à être des enfants.
Je m’aperçois que tout peut être naturel et vrai sans la pression du monde externe, les activités, la routine parfois fatigante garderie/maison et que pour le moment, c’est de ça que mon coeur se nourrit. Moi qui courrais après le succès dans mon entreprise pour me valoriser, peut-être que je ne cherchais pas au bon endroit?